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À MON GRAND-PÈRE QUI ÉTAIT ENSEIGNANT

« La qualité actuelle de l’éducation en Suisse est aussi due aux enseignants du passé ! Mon grand-père Maurice était l’un d’eux.

Depuis trois générations, nous nous efforçons de perpétuer son héritage, qui continue d’inspirer ma maman, mon fils et moi, car nous partageons tous une profonde passion pour l’éducation.

Voici un article paru il y a quelques années dans un journal régional suisse « Le Nouvelliste » suite au décès de mon grand-père. Il décrit la vocation d’un homme profondément passionné par les autres et par l’éducation. » SERGE GAY – FONDATEUR DU SSC

 

 

« Maurice Micheloud : Un professeur et un humaniste estimé.

Le petit village de Grône en Valais/Suisse a perdu l’une des figures les plus marquantes des cinquante dernières années.
Monsieur Maurice Micheloud est décédé jeudi à l'âge de 87 ans. Ce professeur, philosophe d'une intelligence exceptionnelle, a donné le meilleur de lui-même par sa gentillesse, sa compétence et sa fiabilité. Il a enseigné pendant quarante-cinq ans.
Doté d'une forte personnalité et de remarquables capacités didactiques, il était en avance sur son temps. Il enseignait à ses jeunes élèves l'importance du travail. Sa vaste expérience lui permettait de diriger une classe unique à plusieurs niveaux, comptant au total cinquante-sept élèves. C'était en 1927. Maurice Micheloud excella à l'orgue dans sa paroisse pendant soixante-cinq ans et dirigea la chorale Cecilia pendant trente ans, tout en jouant dans la fanfare Marcelline. Il fut décoré de la médaille « Bene Merenti » décernée par le Vatican.

Il a été secrétaire, puis juge de village, géomètre et vérificateur financier de nombreuses organisations. M. Maurice Micheloud était aimé de sa communauté. Il organisait avec eux des randonnées à vélo. Assistant intendant dans l'armée, il utilisait ses temps libres pour jouer au football. Il fut le fondateur du FC Grône en 1927.
C'est près de l'église, dans la maison de son père Pierre Micheloud, que Maurice et son épouse, Marie-Cécile, née de Preux, élevèrent leur famille.

Avec Maurice Micheloud se referme une encyclopédie du savoir. Il aimait la nature. Son énergie était alimentée par une éthique de travail impressionnante, un esprit vif et un don pour l'expression.

Sa vie intérieure, nourrie de foi et de prière, a fait de lui un phare. La communauté locale a perdu un homme qui avait un sens extraordinaire du dévouement et de l’engagement envers la collectivité.

M. Maurice Micheloud devait recevoir dans quelques jours un prix de l’Association culturelle de la Renaissance française, aux côtés de seize autres personnalités suisses. Extrait de NOUVELLISTE DU VALAIS

Découvrez le quotidien d'une institutrice suisse au début du XXe siècle

Au début du XXe siècle, la vie d'un instituteur dans un petit village de montagne suisse était marquée par la rudesse du climat, la simplicité des infrastructures et le profond respect qu'il inspirait au sein de la communauté. À cette époque, l'instituteur jouait un rôle central, tant sur le plan éducatif que social, contribuant au développement intellectuel des enfants tout en participant activement à la vie du village.

La journée du professeur commençait souvent bien avant l'aube, car il n'était pas rare qu'il parcoure une certaine distance pour rejoindre l'école, surtout dans les régions montagneuses reculées. Les sentiers escarpés étaient parfois enneigés en hiver, ce qui rendait le trajet périlleux et épuisant. Des bottes épaisses et un manteau de laine ne protégeaient pas toujours du froid mordant de l'air alpin. Pourtant, cet homme, parfois aidé de sa femme, avançait stoïquement vers sa mission quotidienne : éduquer les jeunes esprits.

L'école elle-même était souvent un bâtiment modeste, construit en bois ou en pierre, parfois à proximité de l'église, centre névralgique du village. La salle de classe, généralement la seule, accueillait des élèves d'âges variés, de six à quatorze ans. Cela représentait un défi pour l'instituteur, qui devait adapter son enseignement aux différents niveaux des élèves tout en leur fournissant une éducation de base en lecture, écriture, calcul et religion.

En arrivant à l’école, l’institutrice commençait par allumer le poêle à bois pour réchauffer la pièce avant l’arrivée des élèves. Le froid mordant des hivers suisses rendait souvent la classe glaciale, et le poêle devenait le centre de la pièce, autour duquel les enfants se rassemblaient à leur arrivée. Le mobilier était rudimentaire : des bancs en bois alignés devant un tableau noir, une ardoise pour chaque élève et quelques manuels partagés. Les fournitures étaient précieuses et devaient être utilisées avec parcimonie, car le matériel scolaire était cher et souvent retardé en raison des conditions météorologiques et de la distance.

La matinée débutait par une prière suivie du chant de l’hymne national, dans le but d’inculquer aux élèves l’amour de leur patrie et le respect des valeurs suisses. L’enseignante enchaînait ensuite les cours sur les matières principales, souvent selon un emploi du temps dicté par le calendrier agricole et les besoins de la communauté. Les élèves devaient parfois s’absenter pour aider leurs parents aux champs, notamment pendant les périodes de fenaison ou de récolte. L’enseignante devait faire preuve de souplesse, répétant souvent les leçons pour s’assurer que chaque enfant comprenne les bases malgré les absences fréquentes.

L'un des aspects les plus importants du travail de l'enseignant était de transmettre des connaissances académiques, des valeurs morales et de bonnes manières. Il incarnait l'autorité mais aussi la bienveillance et son rôle dépassait la simple transmission du savoir. Il était souvent le conseiller des familles, intervenant parfois dans les affaires familiales ou communautaires, notamment lors de conflits ou de décisions importantes concernant les enfants.

Le déjeuner se dégustait généralement sur place. Les enfants apportaient leur nourriture dans des boîtes en fer blanc, souvent composées de pain, de fromage et d’un peu de viande séchée, tandis que le professeur se contentait parfois d’une simple soupe préparée à la maison ou d’un morceau de pain qu’il grignotait entre les cours. Ce moment était l’occasion d’échanger avec les élèves, de les connaître en dehors du cadre strict de la classe et de leur inculquer des valeurs de respect et de partage.

L'après-midi était souvent consacré à des activités plus pratiques, comme le jardinage, la couture ou le travail du bois, selon les saisons et les ressources disponibles. Ces activités visaient à préparer les enfants à leur futur rôle d'adulte dans une société essentiellement agricole. L'enseignement de l'enseignant ne se limitait donc pas aux connaissances intellectuelles mais s'étendait aux compétences de la vie quotidienne indispensables en milieu rural.

La journée scolaire se terminait vers 16 heures, mais le professeur devait encore corriger les devoirs et préparer les leçons pour le lendemain. Dans certains cas, il organisait également des cours pour adultes le soir, notamment en hiver, lorsque les travaux agricoles étaient moins exigeants. Ces cours visaient à améliorer le niveau d'éducation des adultes, souvent limité à l'éducation de base qu'ils avaient reçue dans leur enfance.

Malgré les difficultés, la figure de l’enseignant était très respectée et même admirée. Il était souvent la seule personne à posséder des connaissances plus étendues dans le village, ce qui lui conférait un statut particulier. C’était un homme instruit, souvent passionné par son métier et animé par une véritable vocation. Son travail était difficile, mal rémunéré et exigeant, mais il trouvait satisfaction à voir ses élèves progresser, même modestement. Les plus doués d’entre eux étaient parfois envoyés en ville pour poursuivre leurs études, un moment de grande fierté pour l’enseignant qui y voyait une récompense pour ses efforts.

La vie du professeur était ainsi rythmée par les saisons et les besoins de la communauté. Loin des centres urbains, il devait composer avec l'isolement, la rudesse du climat et les ressources limitées du village. Mais il savait aussi que son rôle était essentiel pour l'avenir de ses élèves et pour le maintien de la cohésion sociale au sein de la communauté. Il incarnait le lien entre tradition et modernité, apportant des idées nouvelles tout en respectant les valeurs ancestrales du village.

Dans ses rares mais précieux moments de loisir, l'instituteur participait aux fêtes locales, aux rassemblements à l'église et aux réunions de village, où il jouait souvent le rôle d'animateur culturel, racontant des histoires ou lisant des passages de livres à un public attentif. Il n'était pas rare qu'il remplisse également les fonctions de secrétaire de communauté, rédigeant des documents officiels et de la correspondance pour les autorités locales.

Ainsi, au début du XXe siècle, le quotidien d’un instituteur dans un petit village de montagne suisse était fait de dévouement, de simplicité et de persévérance. Il avait pour responsabilité non seulement d’éduquer la jeune génération, mais aussi de perpétuer les traditions tout en ouvrant la voie à un avenir plus éclairé et plus instruit pour sa communauté.